Les militants disent leur mal être. Comme à leur habitude, les leaders politiques locaux ont évoqué des problèmes pour mieux les masquer.
« Les députés sont archi nuls, à l’exception sans doute de Mme Epoubè Lydienne qui se bat aux côtés de la jeunesse. Je les connais tous. Certains ont disparu depuis leur élection. On ne les a plus vus à un meeting. » Propos désabusés d’un jeune de Manjo. Gilles Kwinkeu Tchaptchep est en effet le secrétaire de la section OJRDPC du Moungo Nord. C’est un jeune décidément amer qui, en compagnie de ses camarades, est venu accueillir René Emmanuel Sadi à Nkongsamba il y a quelques jours. Symbole d’une jeunesse déboussolée, le responsable de base n’a pas sa langue dans la poche. Chômage, alcoolisme, prostitution, délinquance etc, tels sont, à l’en croire, les maux qui taraudent les jeunes du Moungo. « Les jeunes ont envie de s’auto employer, mais sont en bute au manque de financement. Ils sont laissés à eux-mêmes. Notre souhait est que les mairies nous accordent des micro crédits, qu’on prenne mieux en compte nos problèmes afin d’y apporter des solutions. Par exemple, qu’on facilite l’accès des jeunes aux projets d’élevage et d’agriculture» Indique-t-il. Mais il y a pire. Notre interlocuteur ajoute que le fond du problème économique du Moungo est le tribalisme. « Les Bamilékés ne sont pas les bienvenus. Ils font le gros de l’économie. Ils sont mal vus par les autochtones. Ils sont environ les 92 % des électeurs, mais ils n’ont presque pas de place de direction dans les mairies. C’est le cas à la commune de Manjo et dans toutes les autres du département. En 2012, qu’ils se le disent, la bataille sera rude. Nous ne nous laisserons plus faire. »
Dictature de la minorité.
Les ressortissants de l’Ouest sont mal dans leur peau dans cette partie du pays. « Toutes les occasions sont bonnes pour nous humilier dans le parti. Mais ceci est le fait d’une petite élite en mal d’arguments plausibles pour s’imposer. Faute de cela, ils attisent un bas sentiment tribal chez certains peu avertis. Mais la grande majorité des autochtones vivent et travaillent avec nous dans la paix. » Déclare une autre source. Qui explique que, se basant sur la protection de la minorité garantie par la constitution, des hommes politiques originaires du Moungo font tout pour s’accaparer les meilleures places. Il y a donc une dictature de la minorité. Aucun des responsables qui ont pris la parole au cours du meeting organisé à l’arrivée de Sadi n’a bien évidemment évoqué ces problèmes. Ils ont plutôt constaté que tout va bien, et avant de plaider pour leur nomination à divers postes à Yaoundé. Hypothéquant ainsi les prochaines échéances électorales. Car le mal est profond. La situation est telle que des menaces de mort sont proférées contre les allogènes les plus populaires. C’est notamment le cas de Mme Kamgue Rebecca, du côté de Mélong. Cette responsable d’une coopérative prospère de femmes, vit désormais dans la peur. On lui a d’abord envoyé le Contrôle supérieur de l’Etat qui, pendant des jours, l’ont harcelée et torturée moralement. N’ayant rien vu d’illicite dans sa comptabilité, on a changé de méthode. « Son crime est d’avoir décroché trois premiers prix nationaux au comice d’Ebolowa. Etant conseillère municipale du RDPC, certains autochtones, la soupçonnant déjà de viser la mairie par son dynamisme, l’ont menacée de mort. Ce sont les renseignements généraux qui l’ont prévenue et l’ont mise en garde contre ces comploteurs. » Révèle une de ses camarades, autochtone elle-même. Le malaise est donc profond, et l’appel de Sadi à préparer l’élection de Paul Biya risque de tomber à l’eau. Et les élections locales de 2012 alors ? « Qu’on ne vienne plus jamais nous imposer quelqu’un du comité central. Il faut que seule la voix des urnes prévale. » Conclut Kwinkeu Tchaptchet. Tout ceci se fait avec la complicité d’autres…Bamilékés !
Michel Mombio à Nkongsamba
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