Il s’agissait de leur montrer comment, par une meilleure gestion des ressources humaines, ils peuvent mieux gérer leurs impôts.
Si l’on en croit Yves Mbappe, Chef de Centre Régional des impôts (Ccri) pour l’Ouest, l’environnement fiscal de cette partie de la République est délétère. « Les relations entre l’administration fiscale et les contribuables à l’Ouest sont à caractère incestueux. Elles sont empruntes de suspicion, caractérisées par la méconnaissance des textes, polluées par des intermédiaires de tous ordres qui ne sont pas fiscalites et dont les compétences ne sont pas avérées. » Le CCRI n’a pas usé de circonlocutions pour dire le fond de sa pensée. Il s’exprimait ainsi à la tribune d’un séminaire d’entreprises organisé par le Fonds National de l’Emploi (Fne). Intitulé « Ressources humaines et maîtrise des charges fiscales », cette rencontre avait pour but de mettre face à face les acteurs de l’économie de la Région , afin qu’ils débattent de leurs problèmes. Des tourments au rang desquels se situent les intermédiaires que sont les conseils fiscaux, les experts comptables, les collaborateurs divers. Selon le Ccri, il y a au sein de cette panoplie, des gens non seulement à la moralité douteuse, mais aussi aux compétences approximatives néfastes pour un domaine très pointu. « Le contribuable à l’Ouest est frappé d’une maladie qui s’appelle la non acceptation de l’impôt sous le fallacieux prétexte d’une pression fiscale excessive. » a déploré Yves Mbappè. Lequel a soutenu que le Cameroun détient le taux de pression fiscale le plus faible de l’Afrique Centrale.
Les opérateurs de la Région ont bien souvent dénoncé « la pression fiscale » dont ils sont l’objet de la part du fisc, évoquant cela pour justifier la délocalisation de certaine de leurs affaires à Douala. Simple abus de langage selon Yves Mbappè. Le fiscaliste a appuyé que depuis six ans, les innovations en ce qui concerne les lois fiscales n’ont consisté qu’en l’élargissement de l’assiette fiscale, sans création d’impôts nouveaux. « Cet élargissement de l’assiette a fait que même ceux qui ne payaient pas d’impôt soient touchés. » Mieux, a-t-il révélé, pour améliorer le climat des affaires, l’Etat a pris de nombreuses facilitations et mesures d’attrait en faveur des contribuables. Il a cité à cet égard, l’exonération de la patente pour les nouveaux entrepreneurs pendant deux ans ; la réduction des impôts en cas de réinvestissements aboutissant à des créations d’emplois ; la mise en place de services d’accueil ; la création de Centres de gestion agréés. A sa suite, le Chef de Centre spécialisé des impôts, Aminou, a entretenu les séminaristes sur les droits et obligations du contribuable.
Manager et ménager l’Homme, première richesse.
Il est revenu ensuite qui experts invités d’éclairer la lanterne des entrepreneurs sur les liens qu’il y a entre une bonne gestion des ressources humaines et la maîtrise des charges fiscales. Emmanuel Tema du cabinet du même nom, et Donkeu du cabinet Cadorex, ont ainsi rappelé aux chefs d’entreprises que la meilleure richesse est d’abord l’Homme. Insistant sur la nécessité de leur donner un salaire décent, de ne pas minorer leur salaire, dans les déclarations faites à la CNPS notamment. Rejoignant par là le DG du Fne Camille Mouthé à Bidias qui, dans une récente interview au journal Le Jour disait : « Il y a des entreprises qui utilisent des stagiaires en permanence. Lorsque la période de stage arrive à échéance légale, on les libère et on recrute d’autres sans leur faire un contrat de travail. Le dernier pilier est la protection sociale et le dialogue social. Il faut affilier ses employés à une caisse de sécurité sociale. Au Cameroun, c’est la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale qui en a la charge. Mais ça peut aussi être des mutuelles d’assurances qui proposent des plans retraite aux travailleurs. C’est pour que le travail que le travailleur a travaillé travaille pour lui le jour où il ne sera plus en fonction. Il ne faut pas oublier les assurances complémentaires contre les accidents de travail, la maladie professionnelle, etc. » Les deux experts leur ont montré, dans la partie réservée à l’optimisation fiscale, comment tirer profit des dispositions réglementaires pour payer légalement moins d’impôts.
Après des discussions nourries au cours desquelles aussi bien le Ccri que les experts ont répondu aux nombreuses questions des séminaristes, des recommandations ont été faites pour donner une suite plus utile à cette rencontre. Parmi celles-ci, on note : la promotion du civisme fiscal, la facilitation de l’accomplissement de leurs obligations fiscales et comptables ; l’amélioration des taux de sincérité des déclarations ; le respect des procédures de contrôle fiscal, la vulgarisation et l’exploitation des voies de recours ; la mise à disposition des contribuables des informations fiscales de base sous forme de dépliants et autre supports d’accès libre ; l’apport d’une assistance technique et un encadrement fiscal et comptable aux Pme/Pmi. Le gouverneur de la Région , Samuel Dieudonné Ivaha Diboua (qu’accompagnait le préfet de la Mifi Mfouapong Alassang) qui a ouvert et clôturé les travaux, en même temps qu’il a invité les contribuables à s’acquitter de leurs devoirs fiscaux, a plaidé pour une fiscalité citoyenne. Il a indiqué la disponibilité de ses services à l’égard des contribuables qui en ont besoin. Rappelons que l’Agence Fne de l’Ouest que dirige Pierre Tekapsso, par ce séminaire très couru, clôturait ainsi son année et le cycle de formation initié par cette structure. Il a récemment, avec le même succès et record d’affluence, organisé une sectorielle à l’intention des élus locaux sur le thème ; « Décentralisation: Les défis de la mise en oeuvre des projets de développement par les collectivités locales. »
Michel Mombio.
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