mardi 1 février 2011

Commune urbaine de Dschang : Les autorités coutumières et politiques sauvent la tête du maire.

Grâce à des interventions souterraines, le budget a été voté. Les tribulations du Dr Momo Bernard à la tête de cette structure décentralisée posent le problème des intellectuels face au pouvoir.

Le budget de la commune urbaine de Dschang (Cuds) pour l’exercice en cours s’élève à 974 375 769 F Cfa, arrêté en recettes et en dépenses. Un budget supérieur à celui de l’année dernière qui s’élevait à 690 491 557 F Cfa. Soit une augmentation de 283 884 212 F Cfa en valeur absolue et 41,11 % en valeur relative. Une augmentation que le maire Momo Bernard a expliquée par l’apport des partenaires de la Cuds, que sont la mairie de Nantes en France, et le Programme national participatif (Pndp). Le rapport de présentation de cette prévision budgétaire annonce qu’une somme de 722 166 106 Fcfa sera affectée au fonctionnement. Soit 74,12 % ; tandis que 252 209 663 % provenant des appuis « activement recherchés », seront affectés à l’équipement, représentant 25,88 %. « Dans l’optique du désenclavement des zones rurales et de certains quartiers urbains, une somme de 50 000 000 F Cfa sera affectée à la réhabilitation de certaines axes routiers de la commune. De même, pour une grande lisibilité de l’action des conseillers dans leurs entourages une somme de 20 000 000 F Cfa sera consacrée aux micro projets communautaires dans les domaines de l’eau, des tables bancs et des aménagements divers ». A expliqué le maire. Nombre d’observateurs ont tracé une parallèle entre cette dernière disposition et les « micro projets parlementaires » usité au parlement, pour y voir une manière déguisée de corrompre les élus locaux.

Un maire marqué à la culotte.

C’est en effet au forceps que les conseillers, après une fronde qui a duré plusieurs mois, ont fini par se pencher sur ce budget, pour enfin l’adopter ce mardi 1er février. Ils étaient 39 sur 40, à siéger dans la salle de délibération de la mairie. La veille encore, c’est à travers les ouvertures de la même salle, que 27 d’entre eux, pour marquer leur désaccord avec « la gestion opaque et maffieuse du maire Momo Bernard. », qu’ils ont assisté aux travaux. Lesquels, faute de quorum, ont été renvoyés. Un maire dont ils ne voulaient rien moins que la tête ! « Nous avons pris en compte les revendications légitimes des conseillers, tout en leur rappelant les dispositions légales, pour les amener à de meilleurs sentiments », a révélé le préfet de la Menoua, Nassiri Paul Bea. Pour venir à bout des réticences des élus, les efforts des médiateurs tels que le Vice P.M. Jean Nkuété, le gouverneur de la région Ivaha Diboua, et surtout, une escouade de chefs traditionnels du département, ont été nécessaires. L’on comprend dès lors, les remerciements appuyés que le maire a adressés aux autorités administratives et traditionnelles qui lui ont sauvé la mise. Mais pour beaucoup, ce n’est qu’un sursis. « On redoutait, au sein de la hiérarchie du Rdpc, le mauvais exemple de Dschang, qui aurait viré son maire, à la veille d’élections cruciales. » Soutient une personnalité du cru. Il ajoute que les jours de Momo Bernard sont de toute façon comptés à la tête de la mairie. « S’il termine ce mandat, on voit mal comment il reviendra à la tête de la Cuds. La césure entre lui et ses conseillers est trop profonde. Trop de choses assez graves ont été dites et écrites contre lui. Et ce sera un exemple patent d’un grand échec de l’intelligentsia face au pouvoir, dû à l’arrogance et à la suffisance. » Soutient-il. Le maire parle quant à lui de « malentendus » qu'il faut surmonter. Un gentlemen agreement en 26 points a été signé entre les deux parties, et un comité de suivi a été mis sur pied pour veiller à son exécution. Le maire Momo est donc marqué à la culotte par les siens. Un élu sous haute surveillance, pourrait-on dire…

Michel Mombio à Dschang.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire